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CHAPITRE LXXXII


On sait assez comment le Corps Législatif était choisi sous Napoléon. Les sénateurs nommaient les protégés de leur cuisinière. Et cependant telle était l’énergie inspirée à la nation par le culte de la gloire, tel était son mépris pour les petitesses qu’aucune Chambre, nommée sous l’empire de la Restauration, ne s’est acquis autant d’estime que celle où brillèrent MM. Durbach, Laîné, Bedoch, Raynouard, Suard, Flaugergues. Les discours de ces hommes estimables consolaient la nation. À cette époque, tout ce qui touchait au gouvernement était avili. Les vrais royalistes, les purs, les émigrés affectaient de sourire avec dédain aux mots de charte et d’idées libérales. Ils oubliaient que l’homme qui les a mis sur leurs jambes, le magnanime Alexandre, avait recommandé au sénat de donner à la France des institutions fortes et libérales. Mille bruits sinistres annonçaient de toutes parts à la nation la résurrection prochaine de l’ancien régime.

Les ministres favoris, MM. D[ambray],