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CHAPITRE VI


On reproche à Napoléon d’avoir corrompu pendant sa campagne d’Italie, non pas la discipline, mais le caractère moral de son armée. Il encouragea parmi ses généraux le pillage le plus scandaleux[1]. Oubliant le désintéressement des armées républicaines, ils furent bientôt aussi rapaces que les commissaires de la Convention. Mme  Bonaparte faisait de fréquents voyages à Gênes, et mit, dit-on, en sûreté cinq ou six millions. En cela, Bonaparte fut criminel envers la France. Quant à l’Italie, des pillages cent fois plus révoltants encore n’auraient pas été un prix excessif pour l’immense bienfait de la renaissance de toutes les vertus. C’est un argument des aristocrates que celui des crimes qu’entraîne une révolution. Ils oublient les crimes qui

  1. La fortune de Masséna, d’Augereau, de… etc., etc., etc. Un chef de bataillon passe à Bologne, allant faire une expédition dans l’Apennin ; il n’avait pas même de cheval ; il repasse quinze jours après, il avait dix-sept charrettes chargées lui appartenant et trois voitures avec deux maîtresses. Les trois quarts des sommes pillées furent mangées dans le pays.