Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

règne était heureux et tranquille, et Bonaparte à jamais oublié.

L’abbé de Montesquiou fit un mémoire pour S. M. où il dit, en parlant du préambule de la constitution : « Point de doute qu’il ne faille mettre Roi de France et de Navarre, je croirais même qu’elle doit être intitulée édit du roi[1]. »

Le 14 de juin, la constitution fut portée aux deux Chambres réunies au palais du Corps Législatif. Le chancelier, le plus plaisant des ministres, dit aux représentants de la nation : « Que plusieurs années s’étaient écoulées depuis que la divine Providence avait appelé leur roi au trône de ses pères…, qu’étant en pleine possession de ses droits héréditaires au royaume de France, il ne voulait exercer l’autorité qu’il tenait de Dieu et de ses ancêtres qu’en mettant lui-même des bornes à son pouvoir…, que, quoique le pouvoir absolu en France résidât dans la personne du roi, Sa Majesté voulait suivre l’exemple de Louis-le-Gros, Philippe-le-Bel, Louis XI, Henri II, Charles IX et Louis XIV et modifier l’exercice de son autorité. » Il faut avouer que Charles IX et Louis XIV étaient plaisamment choisis. Après avoir exprimé le vœu d’effacer de l’histoire de

  1. Moniteur du 15 avril 1814.