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CHAPITRE LXVIII


Toute la journée du 30 mars, durant la bataille, le boulevard était fort brillant.

Le 31, vers les neuf heures du matin, il y avait foule, comme dans les plus beaux jours de promenade. On se moquait beaucoup du roi Joseph et du comte Regnault. On vit passer un groupe de gens à cheval qui portaient des cocardes blanches et agitaient des mouchoirs blancs. Ils criaient : « Vive le Roi ! » — « Quel roi ? » entendis-je demander à mes côtés. On ne pensait pas plus aux Bourbons qu’à Charlemagne. Ce groupe, que je vois encore, pouvait être composé de vingt personnes qui avaient l’air assez troublé. On les laissa passer avec la même indifférence que des promeneurs ordinaires. Un de mes amis qui riait de leur peur m’apprit que ce groupe s’était formé sur la place Louis XV et il n’alla pas plus loin que le boulevard de la rue de Richelieu.

Vers les dix heures, une vingtaine de souverains entrèrent par la porte Saint-Denis à la tête de leurs troupes. Tous les