Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heures, les Alliés commençaient leur retraite sur le Rhin et sur Dijon. Les généraux russes disaient qu’il était temps de finir une campagne romanesque, et d’aller prendre les places imprudemment laissées sur les derrières.

Lorsqu’après le courrier reçu, l’empereur Alexandre voulut se porter en avant, le général en chef autrichien s’y opposa de toute son autorité et jusqu’au point d’obliger Alexandre à dire qu’il prenait la responsabilité sur lui[1]. Quel lecteur n’est pas arrêté par une réflexion frappante ? On voit cette police de Napoléon qui a servi de texte à Mme  de Staël et à tous les libellistes, on voit cette police machiavélique d’un homme sans pitié, pécher par excès d’humanité dans une circonstance décisive. Par horreur pour le sang, elle fait perdre l’empire à la famille de Napoléon. Depuis quatre ou cinq mois on conspirait à Paris ; la police méprisait tellement les conspirateurs qu’elle eut le tort de mépriser la conspiration.

Il en était de même dans les départements. Les sénateurs savaient que certaines gens étaient en correspondance avec l’ennemi. Les jurys les eussent

  1. Hobhouse, 86.