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CHAPITRE LXVI


Napoléon avait depuis longtemps l’idée de faire une pointe en Alsace. Il s’agissait d’aller fortifier son armée de toutes les garnisons de l’Est et de tomber sur les derrières de l’armée alliée. Travaillée par les maladies, redoutant la révolte ouverte des paysans lorrains et alsaciens qui, de toutes parts, commençaient à assassiner les soldats isolés, enfin sur le point de manquer totalement de munitions de guerre et de bouche, l’armée ennemie allait se mettre en retraite.

Le projet de l’empereur réussissait si Paris avait eu le courage de Madrid. Ce projet téméraire réussissait encore, si la plus vile trahison ne s’en fût mêlée. Un étranger, que Napoléon avait comblé de faveurs non méritées (M. le duc de Dal[matie]), envoya un courrier à l’empereur Alexandre. Ce courrier apprenait à ce prince que pour détruire l’armée alliée dans sa retraite, Napoléon marchait vers la Lorraine et avait laissé Paris sans défense. Ce mot changea tout. Au moment où le courrier arriva, depuis vingt-quatre