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première. Ce qui n’est qu’à demi canaille s’y trouvera enrôlé, et les petits marchands qui auront peur d’être pillés, feront peur à la dernière canaille. Si le hasard jette la France dans une autre série d’événements, la garde nationale sera bonne aussi comme établissant l’aristocratie de la fortune. Elle pourra rendre moins sanglantes certaines périodes assez probables de la lutte des privilèges contre les droits. Pour que la garde nationale soit pleinement rassurante à cet égard, il faut que les soldats élisent tous les ans leurs officiers jusqu’au grade de capitaine et présentent des candidats pour les grades supérieurs. Il faudrait fixer pour chaque grade la quotité de l’impôt à payer.

En janvier 1814, le peuple de l’Europe le plus vif, ne formait plus, comme nation qu’un corps mort. Ce fut en vain qu’une trentaine de sénateurs eurent la mission d’aller réveiller à moitié ce peuple français si terrible sous Carnot. Il n’était aucun de nous qui ne fût sûr, en montrant le bonnet rouge, de lui faire prendre, en moins de six semaines, un plus bel incarnat dans le sang de tous les étrangers qui avaient osé souiller le sol sacré de la liberté ; mais le maître nous criait : « Une déroute de plus et une société populaire de moins » ; et, s’il resaisissait l’empire,