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Un inconvénient de ce projet, c’est qu’il fallait rester comme séparé de la France pendant cinq mois, et la conspiration Malet a montré à quelles gens le gouvernement était confié, en l’absence d’un maître jaloux. Si le sénat ou le corps législatif avait été quelque chose, l’absence du chef n’aurait pas été fatale. Dans la marche de Moscou à Pétersbourg, tout le flanc gauche eût été libre, et Napoléon pouvait, un mois de suite, envoyer chaque jour un courrier et gouverner la France. Marie-Louise régente, Cambacérès chef du civil et le prince d’Eckmühl du militaire, et tout marchait. Ney ou Gouvion Saint-Cyr à Mitau et Riga pouvaient faire passer un ou deux courriers par mois ; Napoléon lui-même pouvait visiter Paris, car une armée russe en Russie, est nécessairement immuable pendant trois mois. L’homme ne peut se conserver dans ces froids terribles qu’en passant dix heures chaque jour auprès d’un poêle ; et l’armée russe est arrivée à Vilna aussi détruite que la nôtre.

Des trois partis à prendre, on choisit le plus mauvais, mais ce n’était rien encore : on l’exécuta de la manière la plus absurde, Napoléon n’étant plus le général de l’armée d’Égypte.

L’armée avait souffert dans sa discipline par le pillage qu’il avait bien fallu