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tobre. Il se laissa leurrer de l’espoir de faire la paix ; l’héroïque brûlement de Moscou[1], s’il l’eût évacué, devenait alors ridicule.

Vers le 15 octobre, quoique le temps fût superbe et qu’il ne gelât encore qu’à trois degrés, tout le monde comprit qu’il était plus que temps de prendre un parti ; il s’en présentait trois :

Se retirer à Smolensk, occuper la ligne du Borysthène et réorganiser la Pologne.

Passer l’hiver à Moscou, en vivant, avec ce qu’on avait trouvé dans les caves, et sacrifiant les chevaux qu’on aurait salés ; au printemps, marcher sur Pétersbourg.

Troisièmement enfin, comme l’armée russe, qui avait beaucoup souffert le 7 septembre[2], se trouvait éloignée sur la gauche, faire une marche de flanc sur la droite, arriver à Pétersbourg qu’on trouvait sans défense et sans nulle envie de se brûler. C’est dans cette position que la paix était certaine. Si l’armée française avait eu l’énergie de 1794, on aurait pris ce dernier parti ; mais la seule proposition aurait fait frémir nos riches maréchaux et nos élégants généraux de brigade sortant de la cour.

  1. L’incendie de Moscou commença dans la nuit du 14 au 15 septembre.
  2. À Borodino.