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en Espagne pour en finir de ce côté-là, avant de s’enfourner dans le Nord (ce sont les paroles dont ils se servirent). Napoléon répondit qu’il était plus raisonnable de laisser l’armée anglaise en Espagne. « Si je les chasse de la péninsule, ils viendront débarquer à Königsberg. »

Le 24 juin 1812, Napoléon passa le Niémen à Kowno, à la tête d’une armée de quatre cent mille hommes. C’était le midi de l’Europe qui cherchait à écraser son maître futur. Cette campagne commença par deux malheurs politiques. Les Turcs, aussi stupides qu’honnêtes gens, firent la paix avec la Russie, et la Suède jugeant sagement sa position, se déclara contre la France.

Après la bataille de la Moskowa, Napoléon pouvait faire prendre son quartier d’hiver à l’armée et rétablir la Pologne, ce qui était le véritable but de la guerre ; il y était parvenu presque sans coup férir. Par vanité et pour effacer ses malheurs en Espagne, il voulut prendre Moscou. Cette imprudence n’aurait été suivie d’aucun inconvénient s’il ne fût resté que vingt jours au Kremlin ; mais son génie politique, toujours si médiocre, lui apparut et lui fit perdre son armée.

Arrivé à Moscou le 14 septembre 1812, Napoléon aurait dû en partir le 1er oc-