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boulet, il ne devînt un jour maréchal d’Empire. Cette heureuse illusion durait jusqu’au grade de général de brigade. On s’apercevait alors, dans l’antichambre du prince vice-connétable, qu’à moins de faire une belle action immédiatement sous les yeux du grand homme, il n’y avait d’espoir que dans l’intrigue. Le major général s’environnait d’une espèce de cour, pour tenir à distance les maréchaux qu’il sentait valoir mieux que lui. Le prince de Neuchâtel comme major général avait l’avancement de toutes les armées hors de France. Le ministre de la guerre ne s’occupait que de l’avancement des militaires employés en France, où il était de règle qu’on n’avançait qu’aux coups de fusil. Un jour dans un conseil des ministres du cabinet, le respectable général Dejean, le ministre de l’intérieur, le général Gassendi et plusieurs autres se réunissaient pour supplier l’empereur de faire chef de bataillon un capitaine d’artillerie qui avait rendu les plus grands services dans l’intérieur. Le ministre de la guerre rappelait que, depuis quatre ans, Sa Majesté avait effacé trois fois le nom de cet officier dans les décrets d’avancement. Tous avaient quitté le ton officiel pour supplier l’empereur : « Non, Messieurs, jamais je ne consentirai à avancer un offi-