Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE LIII

DE L’ARMÉE


Les choix que Napoléon faisait dans ses revues continuelles et en consultant les soldats et l’opinion publique dans le régiment, étaient excellents ; ceux du prince de Neuchâtel, fort mauvais[1]. L’esprit était un titre d’exclu-

  1. En face de ce passage Stendhal a tracé ces mots : « Le prince de Neufchâtel avait toutes les qualités morales qui font l’honnête homme, mais il est permis de mettre en doute ses talents. »

    Puis à la fin du manuscrit, parmi les fragments à placer, ce jugement : « Le prince de Neufchâtel, élevé à Versailles dans les grades subalternes de la cour, et fil d’un homme qui était parvenu par la géographie à plaire à Louis XV, n’eut Jamais rien de l’enthousiasme républicain qui avait enflammé la jeunesse de la plupart de nos généraux. C’était un produit très complet de l’éducation de la cour de Louis XVI ; un très honnête homme qui haïssait tout ce qui portait un caractère de générosité ou de grandeur. C’était l’homme de l’armée le moins fait pour comprendre le caractère tout romain de Napoléon ; aussi, s’il plaisait au despote par ses habitudes de cour, il blessait sans cesse le grand homme par ses sentiments de l’Ancien Régime. Quand il fut major-général et prince, il délibéra longtemps sur la forme de salut qu’il mettrait à la fin de ses lettres. On sut que ses flatteurs faisaient de profondes recherches à la Bibliothèque ; mais aucun de leurs projeta ne lui parut convenable ; il finit par décider qu’il terminerait ses lettres sans aucun salut et par son nom de prince Alexandre. Du reste il eut toutes les vertus