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ger quelque chose. La jolie duchesse de Bassano donne des bals qui prennent fort bien. Les deux premiers sont jolis ; le troisième est divin. L’empereur la trouve à Saint-Cloud, lui dit qu’il ne convient pas qu’un ministre donne des bals en frac, et, enfin, la fait pleurer.

On voit que chez les grands de la cour, la société ne pouvait durer qu’autant qu’elle se constituait en un état perpétuel de contrainte, d’insipidité et de réserve. Les plus grands ennemis étaient mis en présence. Il n’y avait point de société particulière.

La bassesse des courtisans ne se trahissait pas par des mots aimables comme sous Louis XV.

Le comte Laplace, chancelier du Sénat, fait une scène à sa femme parce qu’elle ne se pare pas assez pour aller chez l’impératrice. Cette pauvre femme, très coquette achète une robe charmante, et si charmante, que, malheureusement, elle frappe la vue de l’empereur, qui vient à elle tout droit en entrant, et devant deux cents personnes, lui dit : « Comme vous voilà mise, Madame Laplace ! mais vous êtes vieille ! il faut laisser ces robes-là aux jeunes femmes ; cela ne convient plus à celles de votre âge. »

Malheureusement, Mme Laplace, connue