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de mauvais peintre, était devenu pire général. Le jeune capitaine fit un pamphlet qui tournait en ridicule l’histoire de ce siège ; il l’intitula : Déjeuner de trois militaires à Avignon (1793)[1].

À son retour de Paris à l’armée d’Italie, Napoléon fut employé au siège de Toulon. Il trouva l’armée de siège toujours sous les ordres de Carteaux, général ridicule, jaloux de tout le monde et aussi incapable qu’entêté.

L’arrivée de Dugommier et de quelques renforts changea l’aspect du siège. Dans une lettre de cet habile général de la Convention, il donne des éloges au citoyen Bonaparte[2], commandant de l’artillerie, pour sa conduite dans l’affaire où fut pris le général O’Hara.

Toulon fut emporté et Bonaparte élevé au grade de chef de bataillon. Peu après, il montrait à son frère Louis les travaux du siège ; il lui faisait remarquer un terrain où une attaque maladroite de Carteaux avait occasionné à l’armée républicaine une perte aussi considérable que peu nécessaire. Le sol était encore déchiré par les boulets ; les fréquentes élévations de

  1. Le Souper de Beaucaire imprimé à Avignon en 1793. N. D. L. E.
  2. Moniteur du 7 décembre 1793. C’est la première fois que le Moniteur nomme Bonaparte, dont il imprime le nom ainsi : le citoyen Bona-parte.