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faire le duc de Massa, il le renversa avec sa robe rouge sur un canapé et lui donna quelques coups de poing ; honteux de cette vivacité, il lui envoya soixante mille francs le lendemain. J’ai vu un de ses généraux les plus braves (le comte Curial), soutenir qu’un soufflet de l’empereur ne déshonorait pas, que ce n’était qu’une simple marque de mécontentement du chef de la France. Cela est vrai, mais il faut être bien libre de préjugés. Une autrefois, l’empereur donna des coups de pincettes au prince de Neuchâtel.

Le duc d’Otrante, le seul homme d’un esprit vraiment supérieur qui fût parmi les ministres, s’était exempté de l’énorme travail de plume par lequel les autres ministres cherchaient la faveur du maître. Bénévent n’a été que primus inter pares, et ses pares, les ministres des autres cours n’étaient que des imbéciles. Il n’a eu à agir sur rien de difficile. Le duc d’Otrante a su sauver un gouvernement environné d’ennemis, et en exerçant la tyrannie la plus soupçonneuse laissa beaucoup des apparences de la liberté et n’a pas gêné du tout l’immense majorité des Français. Les ducs de Massa et de Feltre étaient incapables même de ce travail mécanique. L’empereur, ennuyé des inepties du duc de Feltre, faisait examiner son travail par