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la bonté d’admirer. À mesure que ces atrocités irritaient l’armée française, elle devint cruelle, mais jamais dans la forme. On fusillait ou on faisait pendre ce qu’on appelait des rebelles.

Au milieu de sa campagne d’Espagne, Napoléon apprit que l’Autriche, qui armait depuis longtemps, était sur le point d’attaquer. Il fallait confier à des lieutenants l’Espagne ou la France et l’Italie. Il ne put pas hésiter ; ce fut une faute forcée, mais, de ce moment, l’Espagne fut perdue. Tout languit à l’armée, qui n’était plus la Grande Armée, qui n’était plus sanctifiée par la présence immédiate du despote. De ce moment, on eut beau faire de grandes actions, il n’y eut plus ni avancement, ni récompense pour l’armée d’Espagne.

Pour achever de rendre la position insoutenable, la division très marquée entre Joseph et Napoléon s’aigrit de plus en plus. Elle avait d’abord eu deux principes : le délaissement dans lequel Napoléon laissait Joseph et l’insolence des maréchaux à son égard ; deuxièmement, les nouveaux projets de Napoléon sur l’Espagne.

Joseph prétendait que, puisqu’on l’avait fait roi, il fallait qu’il parût l’être, que le reléguer à la queue de l’armée n’était