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nements de Madrid, le 2 mai. Toutes les Asturies entrèrent en insurrection en apprenant le changement de dynastie. La populace commença par une suite horrible d’attentats contre tous ceux que, dans sa fureur, elle jugeait partisans des Français ou tièdes dans la cause de la patrie. Les plus grands personnages furent mis à mort ; il en résulta une terreur universelle et la nécessité pour tous ceux qui gouvernaient d’exécuter franchement la volonté du peuple. Par la terreur, l’Espagne eut des armées.

Dès qu’une armée était battue, elle pendait son général. Les Espagnols étaient un peuple religieux et brave, mais non pas militaire. Ils avaient au contraire des habitudes de détester ou de mépriser tout ce qui tenait aux troupes de ligne. C’est un contraste parfait avec l’Allemagne. Ils considérèrent la guerre comme une croisade religieuse contre les Français. Un ruban rouge avec cette inscription : Vincer o morir pro patria et pro Ferdinando VII, était la seule distinction militaire de la plupart des soldats.

La première bataille entre ces fanatiques et les Français laissa vingt-sept mille cadavres dans les champs de Rio Seco. Des femmes se précipitaient avec d’horribles hurlements sur nos blessés, et elles