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Berg, Murat). Dans tout cela, ainsi qu’il arrive dans toutes les révolutions, rien ne fut complètement légal, car les habitudes politiques d’un peuple, qu’on appelle encore sa constitution, pourraient-elles donner des règles pour un changement ? Cela implique contradiction. Tout se ressentait du trouble et de la rapidité des circonstances, mais, en tout, on était fidèle aux vrais principes. Par exemple, qui pouvait avoir le droit de nommer les députés de l’Amérique ? On prit ce que l’on trouva de plus apparent parmi les Américains en résidence à Madrid, et les choix se trouvèrent excellents. Ces gens-là étaient moins écrasés de préjugés que les Espagnols.

Le 15 juin 1808, la junte ouvrit ses séances ; elle comptait 75 membres qui s’élevèrent ensuite à 90. Cette assemblée avait été précédée d’un décret de Napoléon qui déclarait que sur la représentation des principales autorités de l’Espagne il s’était décidé, pour mettre un terme à l’interrègne, à proclamer son frère Joseph roi des Espagnes et des Indes en garantissant l’indépendance de la monarchie et son intégrité dans les quatre parties du monde[1]. Joseph arriva à Bayonne le 7 juin ; il

  1. Moniteur du 18 juin 1808.