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Après la cession de l’Espagne par les princes de la dynastie que la guerre y avait placés 90 ans plus tôt, Napoléon voulait réunir une assemblée, faire reconnaître ses droits par elle, établir une constitution, et, au moyen du poids et du prestige de sa puissance, donner le mouvement à la nouvelle machine. L’Espagne était peut-être le pays d’Europe où Napoléon était le plus admiré. Comparez ce système de conduite à celui de Louis XIV en 1713 ; voyez surtout les correspondances des gens subalternes des deux époques, ministres, maréchaux, généraux, etc.[1], vous reconnaîtrez que l’envie est la principale source du succès de Mme de Staël et des libellistes actuels et des dangers et des ridicules que l’ignoble vulgaire prodigue aux défenseurs du prisonnier de Sainte-Hélène.

Pour faire dériver le droit du nouveau roi des droits du peuple, Napoléon voulut former à Bayonne une convention de cent cinquante membres pris dans les divers corps de la monarchie. La plupart des députés furent nommés par les provinces, les villes et les corporations ; les autres furent désignés par le général français qui commandait à Madrid (le grand-duc de

  1. Saint-Simon, le marquis de Saint-Philippe, Mémoires du maréchal de…