Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous la condition que nos places frontières nous seraient rendues sans délai et que les troupes françaises sortiraient de l’Espagne ; et dans le cas où Votre Majesté se serait refusée à souscrire à ces propositions, nous lui aurions fait la guerre de toutes nos forces jusqu’à la dernière extrémité. Telle eût été mon opinion, Sire, dans le cas où nous aurions eu connaissance d’une manière ou d’autre de vos véritables intentions !

Napoléon. — Vous pensez très bien ; c’est là tout ce que vous auriez eu de mieux à faire. »


Des esprits peu éclairés s’écrieront : « Vous nous vantez Napoléon à l’égard de l’Espagne, comme s’il eût été un Washington. »

Je réponds : « L’Espagne rencontra le hasard le plus heureux qui puisse se présenter à un pays profondément corrompu et, par conséquent, hors d’état de se donner la liberté à lui-même. Donner à l’Espagne de 1808 le gouvernement des États-Unis aurait semblé aux Espagnols, qui sont les plus insouciants des hommes, la plus dure et la plus pénible tyrannie. L’expérience, que Joseph et Joachim ont faite à Naples, éclaircit la question ; ils ont été rois avec presque tous les ridicules du métier, mais