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que Napoléon seul pouvait, le sauver de son père et du prince de la Paix.

Un ministre espagnol, M. d’Urquijo, rencontra à Vittoria, le 13 avril 1808, le jeune roi et son cortège qui marchaient vers Bayonne. Il écrivit le même jour au capitaine général La Cuesta : «… Je leur dis (aux ministres de Ferdinand VII) qu’il ne s’agissait pour Napoléon que d’abolir la dynastie des Bourbon en Espagne en imitant l’exemple de Louis XIV et d’établir celle de France… L’Infantado, qui sent le poids de mes réflexions, me répondit : « Serait-il possible qu’un héros tel que Napoléon fût capable de se souiller d’une telle action, quand le roi se met entre ses mains de la meilleure foi possible ? » — « Lisez Plutarque, lui dis-je, et vous trouverez que tous ces héros de la Grèce et de Rome n’acquirent leur gloire qu’en montant sur des milliers de cadavres, mais l’on oublie tout cela et l’on voit le résultat avec respect et étonnement. »

« J’ajoutai qu’il devait se rappeler des couronnes que Charles-Quint avait enlevées, des cruautés qu’il avait exercées envers les souverains et envers les peuples, et que, malgré tout cela, il était compté parmi les héros ; qu’il ne devait pas oublier non plus que nous en avions