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évidemment conspiré contre son père et son roi, le jury le plus intègre du monde l’eût condamné à mort.

On accuse Napoléon d’avoir été jusqu’à lui dire : « Prince, il faut opter entre la cession ou la mort[1]. » Il faut voir comment l’on prouvera ce propos à la postérité.

Les Bourbons d’Espagne allèrent habiter diverses villes ; partout et à toute occasion, le roi Charles fit des protestations d’attachement et de fidélité envers son auguste allié. Personne n’a encore accusé Napoléon de l’avoir menacé. Quant à Ferdinand VII, il alla habiter la belle terre de Valençay.


Ici finissent ce qu’on appelle les perfidies de Napoléon. L’Europe ne pouvant concevoir la pusillanimité de ses ennemis, lui a imputé leur imbécillité à crime.

Il a envoyé le général Savary au prince des Asturies pour le presser d’arriver, mais il ne lui a jamais promis de le reconnaître pour roi[2]. Le prince est venu à Bayonne parce qu’il a constamment cru qu’il était de son intérêt d’y venir. Il croyait, et peut-être avec raison,

  1. Cevalhos, p. 52.
  2. « Quoique vos représentants aient sans cesse refusé de le reconnaître comme légitime souverain. » (Conversation de Escoïquiz.)