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mais encore fallait-il commencer par les détrôner.

La Russie approuva à Tilsitt les projets de l’empereur sur l’Espagne.

Ces projets consistaient à donner une principauté dans les Algarves à don Manuel Godoy, si connu sous le nom de prince de la Paix ; au moyen de quoi le prince, le seul auteur de la proclamation qui perdait l’Espagne, livrait à Napoléon son roi et son bienfaiteur. En vertu du traité de Fontainebleau, conclu par le prince de la Paix, l’Espagne fut inondée de troupes impériales. À la fin, ce favori, aussi puissant que ridicule, s’aperçut que Napoléon se moquait de lui ; il eut l’idée de fuir au Mexique ; le peuple voulut retenir son roi ; de là les événements d’Aranjuez qui appelèrent Ferdinand VII au trône et renversèrent le plan de Napoléon. Le 18 mars 1808, ce peuple si stupide et si brave, se souleva. Le prince de la Paix, aussi abhorré qu’il méritait de l’être, passa du pouvoir souverain dans un cachot. Un second mouvement força le roi Charles IV à abdiquer en faveur de Ferdinand VII. Napoléon fut très surpris : il avait cru avoir affaire à des Prussiens ou à des Autrichiens, et que disposer de la cour, c’était disposer du peuple. Au lieu de cela, il trouvait une nation et, à sa tête, un jeune prince