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CHAPITRE XXXIV


À Tilsitt, Napoléon n’exigea rien de la Russie que de fermer ses ports à l’Angleterre. Il était maître de l’armée russe, car l’empereur Alexandre dit lui-même qu’il avait fini la guerre parce que les fusils lui manquaient. L’armée russe, si imposante aujourd’hui, était alors dans un état pitoyable[1]. La fortune du czar fut que l’empereur eût conçu le système continental à Berlin. Alexandre et Napoléon eurent entre eux les conversations les plus intimes et des discussions qui auraient bien étonné leurs sujets, s’ils avaient été à portée de les entendre. « Pendant les quinze jours que nous passâmes ensemble à Tiisitt, dit Napoléon, nous dînions ensemble presque chaque jour ; nous quittions la table de bonne heure pour nous délivrer du roi de Prusse qui nous ennuyait. À neuf heures, l’empereur venait chez moi en habit bourgeois prendre le thé. Nous demeurions ensemble, conver-

  1. Voir le pamphlet du général Wilson publié en 1806*.

    * Le pamphlet du général Wilson, fait remarquer M. Royer, est de 1817. N. D. L. É.