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que la foule silencieuse ne l’accueillit par aucun cri.

Pour la première fois, l’empereur rapporta de l’argent de ses conquêtes. Outre l’entretien de l’armée et son équipement, l’Autriche et la Prusse payèrent environ cent millions chacune. L’empereur fut sévère envers la Prusse. Il trouva les Allemands les premiers peuples du monde pour être conquis. Cent Allemands sont toujours à genoux devant un uniforme. Voilà comment le minutieux despotisme de quatre cents princes a arrangé les descendants d’Arminius et de Vitiking.

Ce fut alors que Napoléon commit la faute qui l’a précipité du trône. Rien ne lui était plus aisé que de mettre qui il aurait voulu sur les trônes de Prusse et d’Autriche ; il pouvait également donner à ces pays le gouvernement des deux Chambres et des constitutions à demi libérales. Il abandonna le vieux principe des Jacobins de chercher des alliés contre les rois dans le cœur de leurs sujets. Comme nouveau roi, il ménageait déjà, dans le cœur des peuples, le respect pour le trône[1].

Les personnes qui étaient auprès de lui savent que la voix publique lui indiquait les princes à élever à la couronne ; c’était

  1. Voir dans le Moniteur de 1809 les raisons qu’il donne pour n’être pas entré dans Vienne.