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CHAPITRE XXVIII


La justification telle quelle de cet assassinat ne peut en effet sortir que de preuves montrant que le jeune prince était lui-même entré dans la conspiration contre la vie de Napoléon. Ces preuves sont annoncées dans le jugement rendu à Vincennes, mais n’ont jamais été communiquées au public. Voici un second récit de cet événement fait par Napoléon à lord Ebrington : « Le duc d’Enghien était engagé dans un complot contre ma vie. Il avait fait deux voyages à Strasbourg déguisé. J’ordonnai en conséquence qu’il fût saisi et jugé par une commission militaire qui le condamna à mort. On m’a dit qu’il demanda à me parler, ce qui me toucha, car je savais que c’était un jeune homme de cœur et de mérite. Je crois même que je l’aurais peut-être vu ; mais M. de Talleyrand m’en empêcha, disant : « N’allez pas vous compromettre avec un Bourbon. Vous ne savez quelles pourraient en être les suites. Le vin est tiré, il faut le boire. » Lord Ebrington demandant s’il était vrai que le duc eût été fusillé à la