Page:Stendhal - Théâtre, I, 1931, éd. Martineau.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

MR. PIKLE.

C'est mon fils, malheureux, mon fils, le neveu de Mrs. Biron. C'est l'unique enfant de votre ancien ami et vous espérez l'égorger dans l'instant ! Selmours, je vous estime assez pour croire, inutile de vous dire qu'il n'est plus ici question de ce misérable point d'honneur, reste de la barbarie, de la férocité de nos aïeux. Votre valeur est connue, elle ne peut être suspecte et vous seriez le dernier des hommes si vous étiez capable de sacrifier à un horrible préjugé l'amour, l'amitié, la nature, le respect que vous devez à ma vieillesse, à mon nom de père, à tous les sentiments du cœur les plus chers, les plus sacrés même à des sauvages... Vous ne me répondez point, vous hésitez de me donner votre parole que vous ne tremperez point vos mains dans le sang de mon enfant, que vous ne m'enlèverez pas le seul appui qui me reste ! Quoi ! un père, un vieillard, un ami, le frère de votre épouse, vient vous demander en pleurant de ne pas commettre un forfait qui le ferait descendre au tombeau et vous hésitez, Selmours ! Grands dieux, voilà donc la vertu ? L'homme qui pour sauver sa vie, sa maîtresse, son honneur, ne voudra jamais consentir à s'emparer