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rs. Biron, on dira que je me suis battu pour une jeune fille que je veux épouser, Toutes les âmes honnêtes m'accableront de leur mépris. Que pensera Mrs. Biron elle-même ? Si je suis tué, je ne mérite pas d'être regretté par elle. Si je tue, il faudra m'enfuir, ne plus la voir, renoncer à son cœur justement indigné contre moi. Il est bien étrange que n'ayant rien fait que la morale la plus austère, l'amour le plus délicat puisse me reprocher, je me voie sur le point de perdre et ma maîtresse et ma vie et l'estime du monde entier ! Que faire ? De quel côté se tourner ? De quelque façon que je me conduise. Mrs. Biron me croira infidèle. Pensée accablante. Il faut lui écrire. On lui remettra ma lettre après notre combat. Si j'y péris elle lira dans mon cœur, elle verra mon innocence et mon amour. Si je survis cette lettre l'engagera à me pardonner, Ecrivons... O fortune ! Que tes faveurs sont trompeuses, tu me combles de biens et tu me mets à la veille de perdre ma maîtresse, ma vie, et peut-être ma réputation. Je vivais dans une heureuse médiocrité, j'allais être uni à celle qui peut seule faire le bonheur de ma vie. Mon oncle meurt, me laisse tous ses biens ; il m'enlève ma tranquillité et mon bonheur.