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Madame Cabanis, M. de Tracy ne me l’a jamais pardonné. J’aurais pu dire un mot à Mme  la comtesse de Tracy, mais en ce temps-là, j’étais gauche à plaisir et même un peu en ce temps-ci.

Mlle  Cabanis, malgré ses six pieds, voulait se marier ; elle épousa un petit danseur avec une perruque bien soignée, M. Dupaty, prétendu sculpteur, auteur du Louis XIII de la place Royale, à cheval sur une espèce de mulet.

Ce mulet est un cheval arabe que je voyais beaucoup chez M. Dupaty. Ce pauvre cheval se morfondait dans un coin de l’atelier. M. Dupaty me faisait grand accueil comme écrivain sur l’Italie et auteur d’une histoire de la Peinture. Il était difficile d’être plus convenable, et plus vide de chaleur, d’imprévu, d’élan, etc., que ce brave homme. Le dernier des métiers pour ces Parisiens si soignés, si proprets, si convenables, c’est la Sculpture.

M. Dupaty, si poli, était de plus très brave ; il aurait dû rester militaire.

Je connus chez Mme  Cabanis un honnête homme, mais bien bourgeois, bien étroit dans ses idées, bien méticuleux dans toute sa petite politique de ménage. Le but unique de M. Thurot, professeur de grec, était d’être membre de l’Académie des Inscriptions. Par une contradiction effroyable,