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terai ; — je viens me fortifier par du champagne. L’éclat de rire dura dix minutes : Poitevin se roulait sur le tapis. L’étonnement exagéré d’Alexandrine était impayable, c’était pour la première fois que la pauvre fille était manquée.

Ces messieurs voulaient me persuader que je mourais de honte et que c’était là le moment le plus malheureux de ma vie. J’étais étonné et rien de plus. Je ne sais pourquoi l’idée de Métilde m’avait saisi en entrant dans cette chambre dont Alexandrine faisait un si joli ornement.

Enfin, pendant dix années, je ne suis pas allé trois fois chez les filles. Et la première fois après la charmante Alexandrine, ce fut en octobre ou en novembre 1826, étant pour lors au désespoir.

J’ai rencontré dix fois Alexandrine dans le brillant équipage qu’elle eut un mois après, et toujours j’ai eu un regard. Enfin, au bout de cinq à six ans, elle a pris une figure grossière, comme ses camarades.

De ce moment, je passais pour Babillan auprès des trois compagnons de vie que le hasard m’avait donnés. Cette belle réputation se répandit dans le monde et, peu ou beaucoup, m’a duré jusqu’à ce que Mme  Azur ait rendu compte de mes faits et gestes. Cette soirée augmenta beaucoup