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et j’eus la sottise de ne pas me plonger dans cette société amie, amant heureux ou éconduit j’y eusse trouvé un peu d’oubli que je cherchais partout et par exemple dans de longues promenades solitaires à Montmartre et au bois de Boulogne. J’y ai été si malheureux que depuis j’ai pris ces lieux aimables en horreur. Mais j’étais aveugle alors. Ce ne fut qu’en 1824 lorsque le hasard me donna une maîtresse que je vis le remède à mes chagrins.

Ce que j’écris me semble bien ennuyeux ; si cela continue ceci ne sera pas un livre, mais un examen de conscience. Je n’ai presque pas de souvenirs détaillés de ces temps d’orage et de passion.

La vue journalière de mes conspirateurs à la Chambre des pairs me frappait profondément de cette idée : t[uer] quelqu’un à qui on n’a jamais parlé n’est qu’un duel ordinaire. Comment aucun de ces niais-là n’a-t-il eu l’idée d’imiter L.

Mes idées sont si vagues sur cette époque que je ne sais pas en vérité si c’est en 1821 ou en 1814 que j’ai rencontré la maîtresse de M. d’Ambray chez Mme Doligny.

Il me semble qu’en 1821 je ne vis M. Doligny qu’à son château de Corbeil et encore je ne me déterminais à y aller qu’après deux ou trois invitations.