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pain qu’elle ait reçu. M. Daru reconnut ce service au nom de l’empereur à Bobr. M. B. ne crut jamais dans cette retraite qu’il y eut de quoi pleurer.

Près du Kœnigsberg, comme il se sauvait des cosaques en passant le Frische Haff sur la glace, la glace se rompit sous son traîneau. Il était avec M. le Chier Marchant, commissaire des guerres (rue du Doyenné, n° 5). Comme on n’avouait pas même qu’on fût en retraite à cette armée impériale, il s’arrêta à Slangaud puis à Berlin qu’il vit se détacher de la France.

À mesure qu’il s’éloignait du danger, il en prit horreur et il arriva à Paris, navré de douleur. Le physique avait beaucoup de part à cet état. Un mois de bonne nourriture ou plutôt de nourriture suffisante le remirent. Son protecteur le força à faire la campagne de 1813. Il fut intendant à Sagan avec le plus honnête et le plus borné des généraux, M. le marquis, alors comte, de Latour-Maubourg. Il y tomba malade d’une espèce de fièvre pernicieuse. En huit jours, il fut réduit à une faiblesse extrême et il fallut cela pour qu’on lui permît de revenir en France. Il quitta sur le champ Paris et trouva la santé sur le lac de Côme. À peine de retour l’Empereur l’envoya en mission dans la 7e divi-