Eh bien ! Mme Bertois était à la campagne chez Mme Doligny, son amie. Quand enfin je me déterminais à produire ma maussaderie chez Mme Doligny, elle me dit :
— Mme Bertois vous a attendu. Elle ne m’a quittée qu’avant-hier à cause d’un événement affreux : elle vient de perdre une de ses charmantes filles.
Dans la bouche d’une femme aussi sensée que Mme Doligny, ces paroles avaient une grande portée. En 1814, elle m’avait dit : Mme Bertois sent tout ce que vous valez.
En 1823 ou 22, Mme Bertois avait la bonté de m’aimer un peu. Mme Doligny lui dit un jour : « Vos yeux s’arrêtent sur Beyle ; s’il avait la taille plus élancée, il y a longtemps qu’il vous aurait dit qu’il vous aime. »
Cela n’était pas exact. Ma mélancolie regardait avec plaisir les yeux si beaux de Mme Bertois. Dans ma stupidité, je n’allais pas plus loin. Je ne disais pas : pourquoi cette jeune femme me regarde-t-elle ? — J’oubliais tout à fait les excellentes leçons d’amour que m’avait jadis données mon oncle Gagnon et mon ami et protecteur Martial Daru.
Mon oncle Gagnon né à Grenoble vers 1765 était réellement un homme charmant. Sa conversation qui était pour les