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Mon ami Edwards me trouva un libraire (M. Mongie) qui ne me donna rien de mon manuscrit et me promit la moitié du bénéfice, si jamais il y en avait.

Aujourd’hui que le hasard m’a donné des galons, je reçois des lettres de libraires à moi inconnus (juin 1832, de M. Thievoz, je crois) qui m’offrent de payer comptant des manuscrits. Je ne me doutais pas de tout le mécanisme de la basse littérature. Cela m’a fait horreur et m’eût dégoûté d’écrire. Les intrigues de M. Hugo (voir Gazette des Tribunaux de 1831, je crois, son procès avec la librairie Bossan ou Placan), les manœuvres de M. de Chateaubriand, les courses de Béranger, mais elles sont justifiables. Ce grand poète avait été destitué par les Bourbons de sa place de 1800 francs au ministère de l’Intérieur.

(3 vers de Monti.)

La bêtise des Bourbons paraît dans tout son jour. S’ils n’eussent pas bassement destitué ce pauvre commis pour une chanson gaie bien plus que méchante, ce grand poète n’eût pas cultivé son talent et ne fût pas devenu un des plus puissants leviers qui a chassé les Bourbons. Il a formulé gaiement le mépris des Français pour ce trône pourri. C’est ainsi que les appelait la reine d’Espagne, morte à Rome, l’amie du prince de La Paix.