Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec Lussinge ou quelque homme de ma connaissance : j’en avais huit ou dix, tous, comme à l’ordinaire, donnés par le hasard ; 2° quand il faisait chaud, aller lire les journaux anglais dans le jardin de Galigliani. Là je relus avec délices quatre ou cinq romans de Walter Scott. Le premier, celui où se trouvent Henry Morton et le sergent Boswell (Old Mortality, je crois) me rappelait les souvenirs si vifs pour moi de Volterre. Je l’avais souvent ouvert par hasard, attendant Métilde à Florence, dans le cabinet littéraire de Molini sur l’Arno. Je le lus comme souvenir de 1818.

J’eus de longues disputes avec Lussinge. Je soutenais qu’un grand tiers du mérite de sir Walter Scott était dû à un secrétaire qui lui ébauchait les descriptions de paysage en présence de la nature. Je le trouvais comme je le trouve, faible en peinture de passion, en connaissance du cœur humain. La postérité confirmera-t-elle le jugement des contemporains qui place le Baronnet Ultra immédiatement après Shakespeare.

Moi j’ai en horreur sa personne et j’ai plusieurs fois refusé de le voir (à Paris, par M. de Mirbel, à Naples en 1832, à Rome (idem).

Fox lui donna une place de cinquante ou cent mille francs et il est parti de là