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Comme son fils, elle me semble susceptible d’attendrissement une fois par an. Je trouve la sensation du sec dans la plupart des ouvrages de M. Gazul, mais j’escompte sur l’avenir.

Dans le temps du joli petit jardin de la rue Caumartin, Gazul était l’élève de rhétorique du plus abominable maître. Le mot abominable est bien étonné de se voir accolé au nom de Maisonnette, le meilleur des êtres. Mais tel était son goût dans les arts — le faux, le brillant, le vaudevillique avant tout.

Il était élève de M. Luce de Lancival que j’ai connu dans ma première jeunesse chez M. de Maisonneuve, qui n’imprimait pas ses tragédies, quoiqu’elles eussent rencontré le succès. Ce brave homme me rendit le grand service de dire que j’aurais un esprit supérieur.

— Vous voulez dire un orgueil supérieur, dit en riant Martial Daru, qui me croyait presque stupide. Mais je lui pardonnais tout, il me menait chez Clotilde, alors la première danseuse de l’Opéra. Quelquefois — quels jours pour moi ! — je me trouvais dans sa loge à l’Opéra et devant moi, quatrième, elle s’habillait et se déshabillait. Quel moment pour un provincial !

Luce de Lancival avait une jambe de bois et de la gentillesse ; du reste, il eût