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capitaine, plus tard un représentant, je crois, le fit colonel. Quoique brave, il a peu ou point servi. Il était fort joli homme.

Un jour, dans l’Inde, lui et deux ou trois amis entrèrent dans un temple pour éviter une chaleur épouvantable. Ils y trouvèrent la prêtresse, espèce de vestale. M. de Jouy trouva plaisant de la rendre infidèle à Brahma sur l’autel même de son Dieu.

Les Indiens s’en aperçurent, accoururent en armes, coupèrent les poignets et ensuite la tête à la vestale, scièrent en deux l’officier, camarade de l’auteur de Sylla qui, après la mort de son ami, put monter à cheval et galope encore.

Avant que M. de Jouy appliquât son talent pour l’intrigue à la littérature, il était secrétaire général de la Préfecture de Bruxelles vers 1810. Là, je pense, il était l’amant de la préfète et le factotum de M. de Pontécoulan, préfet, homme d’un véritable esprit. Entre M. de Jouy et lui, ils supprimèrent la mendicité. Ce qui est immense partout et plus qu’ailleurs, en Belgique, pays éminemment catholique.

À la chute du grand homme, M. de Jouy demanda la croix de Saint-Louis ; les imbéciles qui régnaient la lui ayant refusée, il se mit à se moquer d’eux par la littérature et leur a fait plus de mal que tous les gens de lettres des Débats, si grassement