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capitulation de conscience, un étourdissement d’un petit remords qui demandait à naître. Tout cela fondé sur le grand axiome : Il faut que je vive.

Maisonnette n’a aucune idée des devoirs de citoyen ; il regarde cela comme je regarde, moi, les rapports de l’homme avec les anges que croit si fermement M. F. Ancillon, actuel ministre des affaires étrangères à Berlin (de moi bien connu en 1806 et 7). Maisonnette a peur des devoirs du citoyen comme Dominique, de ceux de la religion. Si quelquefois, en écrivant si souvent le mot honneur et loyauté, il lui vient un petit remords, il s’en acquitte dans le for intérieur par son dévouement chevaleresque pour ses amis. Si j’avais voulu, après l’avoir négligé par ennui pendant six mois de suite, je l’aurais fait lever à cinq heures du matin pour aller solliciter pour moi. Il serait allé chercher sous le pôle, pour se battre avec lui, un homme qui aurait douté de son honneur comme homme de société.

Ne perdant jamais son esprit dans les utopies de bonheur public, de constitution sage, il était admirable, pour savoir les faits particuliers. Un soir, Lussinge, Gazul et moi parlions de M. de Jouy, alors l’auteur à la mode, le successeur de Voltaire ; il se lève et va chercher dans un de ses