Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’y avait de parfait dans Talma que sa tête et son regard vague. Je reviendrai sur ce grand mot, à propos des Madones de Raphaël et de mademoiselle Virginie de Lafayette (Mme  Adolphe Périer), qui avait cette beauté en un degré suprême et dont sa bonne grand’mère, Mme  la comtesse de Tracy, était bien fière.

Je trouvai le tragique qui me convenait dans Kean et je l’adorai. Il remplit mes yeux et mon cœur. Je vois encore là, devant moi, Richard III et Othello.

Mais le tragique dans une femme, où pour moi il est le plus touchant, je ne l’ai trouvé que chez Mme  Pasta et là, il était pur, parfait, sans mélange. Chez elle, elle était silencieuse et impassible. Le soir pendant deux heures elle était… En rentrant, elle passait deux heures sur son canapé à pleurer et à avoir des accès de nerfs.

Toutefois, ce talent tragique étant mêlé avec le talent de chanter, l’oreille achevait l’émotion commencée par les yeux, et Mme  Pasta restait longtemps, par exemple deux secondes ou trois, dans la même position. Cela a-t-il été une facilitation ou un obstacle de plus à vaincre ? J’y ai souvent rêvé. Je penche à croire que cette circonstance de rester forcément longtemps dans la même position ne donne ni facilité ni