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Je partis sans savoir, à cause du combat de ces deux idées, s’il fallait désirer une Terreur qui nettoierait l’étable d’Augias en Angleterre.

La fille pauvre chez laquelle je passais les soirées m’assurait qu’elle mangerait des pommes et ne me coûterait rien si je voulais l’emmener en France.

J’ai été sévèrement puni d’avoir donné à une sœur que j’avais le conseil de venir à Milan, en 1816, je crois. Mme  Périer s’est attachée à moi comme une huître, me chargeant à tout jamais de la responsabilité de son sort. Mme  Périer avait toutes les vertus et assez de raison et d’amabilité. J’ai été obligé de me brouiller pour me délivrer de cette huître ennuyeusement attachée à la carène de mon vaisseau, et qui bon gré mal gré me rendait responsable de tout son bonheur à venir. Chose effroyable !

Ce fut cette effrayante idée qui m’empêcha d’emmener Miss Appleby à Paris.

J’aurais évité bien des moments d’un noir diabolique. Pour mon malheur, l’affectation m’étant tellement antipathique, il m’est fort difficile d’être simple, sincère, bon, en un mot parfaitement Allemand avec une femme française.

(J’augmenterai cet article de Londres en 1821, quand je retrouverai mes pièces