Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Garden. Enfin, Barot et moi, nous arrivâmes dans notre petite maison. Quand ces demoiselles virent déballer des bouteilles de claret et de champagne, les pauvres filles ouvrirent de grands yeux. Je croirais assez qu’elles ne s’étaient jamais trouvées vis-à-vis une bouteille non déjà entamée de real champaign, champagne véritable.

Heureusement, le bouchon du nôtre sauta ; elles furent parfaitement heureuses, mais leurs transports étaient tranquilles et décents. Rien de plus décent que toute leur conduite. — Nous savions déjà cela.

Ce qu’il y a de plaisant, c’est que pendant mon séjour en Angleterre, j’étais malheureux quand je ne pouvais pas finir mes soirées dans cette maison.

Ce fut la première consolation réelle et intime au malheur qui empoisonnait tous mes moments de solitude. On voit bien que je n’avais que vingt ans, en 1821. Si j’en avais eu trente-huit, comme semblait le prouver mon extrait de baptême, j’aurais pu essayer de trouver cette consolation auprès des femmes honnêtes de Paris qui me marquaient de la sympathie. Je doute cependant quelquefois que j’eusse pu y réussir. Ce qui s’appelle air du grand monde, ce qui fait que Mme de Marmier