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décidé. M. de Lafayette seul est au-dessus du charlatanisme qu’il ne faut point confondre ici avec l’accueil obligeant, arme nécessaire d’un chef de parti.

J’avais connu chez Mme Cabanis un homme qui, certes, n’est pas charlatan, M. Fauriel (l’ancien amant de Mme Condorcet). C’est, avec M. Mérimée et moi, le seul exemple à moi connu de non-charlatanisme parmi les gens qui se mêlent d’écrire.

Aussi M. Fauriel n’a-t-il aucune réputation. Un jour, le libraire Bossanges me fit offrir cinquante exemplaires d’un de ses ouvrages si je voulais, non seulement faire un bel article d’annonce, mais encore le faire insérer dans je ne sais quel journal où alors (pour quinze jours) j’étais en faveur. Je fus scandalisé et prétendis faire l’article pour un seul exemplaire. Bientôt le dégoût de faire ma cour à des faquins sales me fit cesser de voir ces journalistes et j’ai à me reprocher de ne pas avoir fait l’article.

Mais ceci se passait en 1826 ou 27. Revenons à 1821. M. Fauriel, traité avec mépris par Mme Condorcet, à sa mort (ce ne fut qu’une femme à plaisir physique), allait beaucoup chez une petite pie-grièche à demi bossue, Mlle Clarke.

C’était une Anglaise qui avait de l’esprit,