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Il reste seule avec celle-ci, qu’il trouve jolie. Pour faire connaissance, il lui propose de chanter un duo de l’opéra célèbre l’Eroe smorfioso, le Héros doucereux. Ici commence la plus drôle de critique du héros Tramezani. Il était, ce soir, dans une loge, faisant bonne mine contre mauvais jeu. Paccini, qui fait l’amoureux de la cantatrice, imite jusqu’aux moindres gestes du héros. À un passage très-pathétique, il s’interrompt pour dire à sa belle : « Ici, ma chère, je te montre les dents, ne pouvant te montrer mon âme. » C’est qu’une des grâces les plus répétées de Tramezani consiste à découvrir des dents superbes. Je crois que de ma vie je n’ai tant ri. La musique est de Mayer. Les Virtuosi di teatro alternent avec la Clémence de Titus. Les femmes sont furieuses, et peut-être communiqueront-elles leur colère à la police. À Paris, une plaisanterie n’est qu’une plaisanterie ; chez un peuple étiolé par la monarchie absolue, un homme qui souffre la plaisanterie, est un homme que le pacha abandonne, est un homme perdu.

21 avril. — La Clemenza di Tito, pour la dernière fois. Au total, faible contre-épreuve du génie de Mozart. Je revois avec plaisir que ce grand homme n’a pas