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créer les intérêts qui la font naître. Le Titus de Métastase me produit le même effet qu’une bonne comédie de l’Optimiste : il rafraîchit le sang.

Vitellia, l’Émilie de Corneille, la Bonini, jeune élève du Conservatoire de Milan. Elle à du jeu, de la méthode, et une assez jolie voix de tête (primo soprano), qu’elle conservera, car elle est laide.

Paraît enfin Cinna (Sesto) ; c’est ce Tramezani dont j’ai tant entendu parler à Londres, et que je n’avais jamais pu voir. Les femmes anglaises oubliaient toutes les règles de la pruderie en parlant de ce bel homme ; ici le mot Il fait fureur serait faible ; il est impossible d’avoir une plus grande quantité de grâces ; il est toujours en mouvement, toujours affecté, toujours gracieux jusqu’à l’afféterie la plus outrée. Il exprime la haine la plus féroce par les roulements d’yeux les plus tendres. Pour moi, j’aime à le regarder, et surtout à regarder les femmes dans les loges. C’est un très-joli homme de quarante ans, qui a encore un peu de voix. Il a besoin de s’échauffer. Il chante très-bien le dernier air du second acte. Les dames trouvent sa voix magnifique : elles sont de bonne foi.

Tramezani fait tout oublier, même la haine. C’est une manière de vivre bien