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Je suis bien intimement convaincu, d’après l’exemple de mes Anglais, que, hors de l’Italie, on dirait, en voyant les deux Monbelli : N’est-ce que ça ? Se méfiant du public, ces pauvres petites filles n’auraient plus ces élans sublimes. Je les ai vues en société : comme Mozart, elles sont bien faibles et bien maigres, et n’y portent que du silence et de la modestie.

7 avril. — Depuis huit jours mes soirées ne sont occupées que d’Evelina et du Demetrio e Polibio, où Anna Monbelli chante ces airs divins :

Pien di contento il core,

et

Questo cor ti giura amore.

Sa sœur Esther est faite pour les grands mouvements de passion. La musique n’a tout son charme pour moi qu’à la cinquième ou sixième représentation. Je cherche à m’expliquer son pouvoir.

Ces voix me transportent au delà de tout ce qu’il y a de commun dans la vie.

C’est la pureté de Raphaël dans les madones de sa première manière ; souvent aussi c’est sa faiblesse. La voix de ces