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Rome, 13 mars au soir. — En arrivant, j’ai eu la certitude qu’un homme tout-puissant dans un des principaux États de l’Europe s’est abstenu d’un crime qui l’aurait comblé d’aise, par cette considération : Tout est plein de sots qui écrivent leurs mémoires.

J’ai eu l’idée d’imprimer ce journal. J’ai vu les petits ministres despotiques de Modène chercher à se justifier aux yeux des Anglais qui passent. Qui eût dit à Napoléon et à ses courtisans qu’ils se verraient imprimés tout vifs dans l’excellent recueil Buonaparte, sa Cour et sa Famille ? Il est plus que probable que tous les ministres de 1817 seront imprimés en 1827.

14 mars. — Un littérateur des plus savants de Rome ignorait, qu’Alfieri eût écrit sa vie. C’est précisément le seul livre moderne italien que j’aie jamais vu traduit chez les libraires de Londres ou de Paris. Un homme considérable engageait Camuccini, le peintre, à faire un tableau. « On m’accorde à Paris, sur mon budget, deux cent mille francs pour les artistes romains. Le tableau que je