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aperçoit, au midi, le mont Vésuve, et, au nord, le mont Saint-Elme.

Cette baie si belle, qui semble faite exprès pour le plaisir des yeux, les collines derrière Naples, toutes garnies d’arbres, cette promenade au village de Pausilippe par le chemin en corniche de Joachim, tout cela ne peut pas plus s’exprimer que s’oublier. Joachim, malgré sa bêtise, est très regretté (conversation avec mon cocher) ; mais on rend justice à l’esprit du ministre qui a fait le dénouement de cette comédie.

À Naples, la grossièreté de ce peuple demi-nu, qui vous poursuit jusque dans les cafés, me choquait un peu ; on sent, à mille détails, qu’on vit au milieu de barbares. Ces barbares sont friponneaux, parce qu’ils sont pauvres, mais ne sont pas méchants ; les vrais méchants-bilieux de l’Italie sont les Piémontais ; c’est une des empreintes les plus profondes que j’aie jamais rencontrées. Le Piémontais n’est pas plus Italien que Français : c’est un peuple à part. J’ai reconnu un trait observé sous la tente noire de l’Arabe bédouin. Une fois que le Piémontais vous a dit : Sem amiz, vous pouvez tout attendre de lui. Le Piémont et la Corse peuvent encore donner des grands hommes ; Alfieri est le type. Son valet de chambre lui tire