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toile. Rien de plus froid que ces peintures. C’est notre coloris plâtreux, notre sécheresse de contours, nos figures dures, copiées de l’antique, notre disposition en bas-relief, l’absence de tout clair-obscur, nos couleurs crues ; en un mot, un art charmant privé de tous ses charmes.

En revanche, la sécheresse fait que l’œil comprend facilement ces grandes machines. Je songe, malgré moi, au plafond du Palais Barberini, à Rome : quel parti n’eût pas su tirer un Pierre de Cortone de tableaux si grands, si bien éclairés, et si souvent regardés ! Ah ! il n’y a plus de peinture ! Peut-être M. Gros, de Paris, eût-il su profiter d’une si belle occasion ! Immense avantage pour les arts d’illusion, de ne pas avoir la lumière naturelle du soleil !

Au cintre, entre les colonnes de l’avant-scène, bas-relief d’argent de grandeur colossale. Au centre, le temps montre du doigt l’heure sur un cadran mobile. Chose singulière avec l’acharnement du gouvernement pour tout ce qui est Français ! cette horloge est la seule de la ville qui donne les heures à la française. Que dira le patriotisme italien ?

  1. Ici figuraient dans l’édition de 1817 les trente-six lignes reprises dans l’édition de 1826 et qu’on trouvera au tome II