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édifices, le soleil voilé, tout me dit que les beaux jours de l’Italie sont finis pour moi. Au lieu de beaux-arts, je vais être condamné à entendre parler de nouveau de cet éternel traité de Westphalie. — Il faut l’avouer franchement, c’est un des moments les plus malheureux de ma vie. Il y a tous les détails ; par exemple, des collègues que je méprise ont obtenu les distinctions dont je suis plus éloigné que jamais. Ma réputation de mauvaise tête va être augmentée, et tout ce qu’il peut y avoir de bon en moi me sera compté comme faute ! Il faudra cent dîners, en bas de soie, avec des sots à rubans, et cinq cents parties de whist avec de vieilles femmes pour faire un peu oublier mon équipée ; et, pour comble de malheur, pas la moindre illusion, sentir que ces gens-là sont des sots, que dans dix ans on les méprisera tout haut, et cependant perdre ma vie avec eux : je suis très-malheureux[1]. — J’y ai réfléchi, je recommencerais mon voyage si c’était à refaire : non pas que j’aie rien gagné du côté de l’esprit ; c’est l’âme qui a gagné. La vieillesse morale est reculée pour moi de dix ans. J’ai senti la possibilité d’un nouveau bonheur. Tous les

  1. L’auteur, qui n’est plus Français depuis 1814, est à un service étranger.