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Le prince Eugène, si aimable dans le salon de la Malmaison, fut petit sur le trône d’Italie. Il dit une fois à son quartier général, sur l’Isonzo, qu’il se moquait des poignards italiens : ce propos n’était que la plus grande sottise possible. D’abord il n’y avait pas de poignards ; un seul Français a été assassiné depuis 1800 ; et en second lieu, quand ils auraient hérissé toutes les mains, depuis quand gouverne-t-on un peuple en l’insultant ? Ce prince aimable, galant avec les dames, de la plus belle bravoure et quelquefois général, avait si peu de racines dans l’opinion, que, depuis la chute de sa maison, il est venu passer trois jours à Milan. Il y fait autant d’effet qu’un lord anglais qui traverse la ville pour aller à Rome.

Il était dans son caractère d’être toujours mené ; deux ou trois aides de camp avaient cet honneur, et ces messieurs étaient Français. Ce qu’il y a d’heureux, c’est que ces Français si odieux n’aient jamais rien fait de bas ni de déshonorant.

Après la bataille de Leipsick, un homme de génie pouvait préparer en Italie les éléments d’un trône ; après l’abdication de Fontainebleau, il pouvait y monter ; mais


    maintenant le bonheur des peuples : la légitimité. On parle de ce qu’il y avait de mieux à faire dans une position mauvaise en soi.